La femme d'aujourd'hui ?

La femme d'aujourd'hui ?

17 févr. 2011

1. Les combats face aux stéréotypes jusqu'au 20ème siècle

Olympe de Gouges (1748-1793)
            Nous allons voir de quelle façon les combats ont influencé le mode de vie de la femme du 20ème siècle tout en constatant que certaines, telle Olympe de Gouges, ont commencé dès le 18ème siècle à prendre le parti des femmes. Cette dernière est considérée comme l'une des premières féministes grâce à son ouvrage Les déclarations des droits de la femme et de la citoyenne. Olympe de Gouges sera guillotinée en 1793 pour avoir prôné l’émancipation de la femme et l’égalité des sexes.  On voit donc qu’à l’époque, les femmes n’avaient pas de pouvoir reconnu et étaient considérées comme le « sexe malheureux ». A ce moment là, les combats de féministes étaient rares. C’est bien plus tard, au 20ème siècle, que les femmes avec la mode et leurs combats vont se libérer.


Couverture du journal hebdomadaire La Française

          En 1901 est créé le "Conseil National des Femmes Françaises". C'est la première fois que les femmes se réunissent en association pour lutter en faveur de leurs droits. La présidente d'honneur élue en 1903 est Isabelle Bogelot et la présidente se nomme Sarah Monod. Ces femmes opèrent des actions discrètes et non violentes par le biais de cette association laïque et non médiatisée qui respecte les valeurs morales. Jeanne Schmahl créée l'association "l'Avant Courrière" en janvier 1893 qui a pour but de rallier à sa cause les femmes appartenant à la bourgeoisie. Jeanne Schmahl, pour réussir, n'hésite pas à s'entourer de femmes ayant de l'ambition telles que la duchesse d'Uzès, Juliette Adam et Jane Misme qui créee le journal hebdomadaire La Française. En 1903, Marie Curie est la première femme à recevoir le Prix Nobel de physique. Ensuite, les femmes mariées gagnent un peu plus d'indépendance en obtenant le droit de disposer de leur salaire grâce à la loi du 13 juillet de 1907, loi adoptée, après un long combat de treize ans par Jeanne Schmalt (1846-1915) et qui a fait voler en éclats le stéréotype de la femme sous l'autorité de son mari. Pourtant ce salaire reste très faible (environ un franc par jour, pour une femme, contre dix à onze francs journaliers, pour un homme) et les femmes travaillent, essentiellement, dans des ateliers de couture ou dans le secteur tertiaire. Les ouvrières, désirant une émancipation, ont de dures conditions de travail. C'est donc un premier grand changement psychologiquement car les femmes ne se sentent plus assistées financièrement mais le temps de travail excessivement long et la misère restent un poids moral pour ces femmes.

Durant la Première Guerre Mondiale, les hommes étant au front, les femmes apprennent à gérer seules le foyer et l'exploitation agricole et en cette période de guerre, les actions féministes se font rares.

Le commencement de l'émancipation de la femme
Au sortir de ce conflit mondial, les femmes retrouvent leur place imposée par les hommes mais le peuple français aspire à se divertir. Les cabarets se multipliant, les femmes adoptent des robes plus courtes, portent la coupe à la garçonne grâce à la flapper qui est un mouvement tout droit venu des États-Unis. Cette modification est très mal vue par les hommes. Mais l'apparition du pantalon va encore plus les déranger. Les femmes voient cette mutation comme une avancée égalitaire. Tout comme les hommes, elles fument, travaillent, et souhaitent s'émanciper. L'épanouissement féminin agace la gente masculine qui voit s'échapper son autorité. Cependant, après la guerre, les valeurs traditionnelles au sein du foyer sont conservées. La femme a donc toujours un rôle de mère et d'épouse. Les femmes auront goûté de l'émancipation mais aucune loi ne "libère" encore la femme française. Cette indépendance est donc morale mais pas légale. En revanche, les femmes qui après la guerre continuent à travailler en tant qu'ouvrières obtiennent le droit de se syndiquer en 1920 mais elles seront peu à pouvoir en profiter à cette époque là.


Proclamation invitant les femmes à se joindre à l'effort de guerre



Puis arrive, l'évènement tragique qu'est la Seconde Guerre Mondiale. Les usines se lancent dans l'armurerie pour approvisionner les besoins de la guerre. De nombreuses femmes travaillent à la place des hommes dans les usines et beaucoup sont employées dans le secteur médical et notamment en tant qu'infirmières. Les femmes travaillant dans les usines d'armurerie s'appellent les "munitionnettes". Durant la guerre, aucun combat féministe n'est vraiment mené. Mais pendant la guerre, en 1942, la loi supprimant l'incapacité juridique des femmes va être adoptée. C'est après la guerre que les combats reprennent : en 1944, les femmes, au travers de campagnes, se battent pour obtenir le droit de vote. C'est l'ordonnance du 5 octobre 1944 qui leur accorde ce droit. Elles pourront voter pour la première fois aux élections municipales du 29 avril 1945 avec l'accord de leur mari cependant. Il faut également savoir que la France était en retard sur ses voisins européens à ce sujet là, car elle est l'un des derniers pays à accorder le droit de vote aux femmes, presque un siècle après avoir voté la loi sur le suffrage universel masculin. En revanche, comme le dit l'expression "un pas en avant, un pas en arrière", les femmes ne peuvent pas avorter et la loi se renforce en 1942 : l'avortement auparavant considéré comme un délit est désormais passible de la peine de mort. Une fois la guerre terminée, les femmes doivent, de nouveau, retourner à leur rôle attitré, c'est-à-dire mère et femme au foyer afin de "repeupler" la France. Ainsi, les hommes politiques décident de rallier les femmes à l'effort de guerre en les faisant se sentir citoyennes et importantes, en temps de guerre, mais à peine l'armistice signé, de nouveau, les femmes se retrouvent sous la dépendance de leur mari. Ce n'est que bien plus tard, qu'elles vont se battre et agir pour regagner leurs droits définitivement. 



Campagne en faveur du droit de vote en 1944




 
Manifestation féminine de mai 68 
    
     La période de la fin des années 1960 est riche en progrès pour les femmes françaises. Sur le plan juridique, elles obtiennent le droit d'exercer une profession sans l'autorisation maritale et ont plus de pouvoir sur les biens communs du couple en 1965. Suite à onze propositions de loi sur la contraception, la loi Neuwirth est votée en 1967. Celle-ci autorise la pilule contraceptive.  C'est une révolution dans l'Histoire de la femme. Arrive ensuite l'épisode de "mai 68" qui va également bouleverser la vie des femmes. Les "féministes soixante-huitardes" font voler en éclats les stéréotypes qui les contraignent dans leur épanouissement : la "femme-objet", "la mère poule"etc..  Elles vont s'imposer à l'aide de slogans :"Un enfant si je veux, quand je veux"; "Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent!" et "Il faut arrêter de croire que la femme est pacifiste". La vague "Mai 68" affranchit les femmes, elles aspirent à faire de plus longues études, ont de l'ambition, se libérent sexuellement et sont plus égalitaires des hommes. L'idée de l'égalité des sexes apparaît vraiment à cette époque là. Dans la continuité de mai 68, le 26 août 1970, des femmes se regroupent, afin de dénoncer l'inégalité des sexes et le manque de reconnaissance, sur la tombe du "Soldat inconnu" et brandissent des pancartes avec le slogan "Plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme!". Ces féministes se feront arrêter mais de cette manifestation naitra le "Mouvement de Libération des femmes". Contrairement aux associations en faveur de la femme du début du siècle, ce comité va faire de la presse et des médias ses principaux atouts et va agir publiquement. Les principales figures de ce mouvement sont Antoinette Fougue, Simone de Beauvoir (auteure de Le deuxième sexe en 1949 qui milite en faveur de l'émancipation féminine et de l'acquisition de son indépendance), Christine Delphy (féministe matérialiste). Ces deux dernières ont fondé Questions Féministes et Nouvelles Questions Féministes, revues en faveur des droits des femmes. De plus, le journal le Nouvel Observateur, en collaboration avec le "Mouvement de libération des femmes" (MLF), publie un article qui fait polémique : 343 femmes ont signé une pétition avouant avoir subi un avortement alors que celui ci est illégal depuis 1942. Parmi les 343 signatures, on note les noms de Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Simone de Beauvoir etc... A la suite de cet article fracassant, le procès de Bobigny déclare Marie-Claire Chevalier innocente après plusieurs semaines de procès. Cette femme, qui avait reçu le soutien du MLF, a été jugée pour avoir subi une Interruption Volontaire de Grossesse mais la "loi Veil" en 1975, vient compléter la loi de Neuwirth, et dépénalise l'avortement sous certaines conditions (selon la volonté de la mère, s'il y a une maladie grave et incurable, selon l'autorisation d'experts et s'il n'y a pas d'autres alternatives). C'est Simone Veil qui s'est battue pour l'adoption de ces lois.
La "Journée internationale de la femme" est officialisée le 16 décembre 1977. La période des années 1980 est caractérisée par le phénomène de "Wonder Woman". Les femmes souhaitent se battre pour entrer dans la vie professionnelle. Elles veulent que leurs qualités physiques et intellectuelles soient reconnues. Ainsi, elles valorisent leur statut social. Mais bien que depuis décembre 1972, les rémunérations de salaires se doivent d'être égales, les femmes n'ont pas la même place que les hommes dans l'entreprise et les mentalités ont du mal à changer. Dans la même année, la loi sur le viol est votée. Désormais, le viol est puni de 15 ans de réclusion criminelle. Dans la même lignée seront votées, la loi Roudy, sur le remboursement de l'IVG, mais aussi sur l'égalité professionnelle entre hommes et femmes en 1982 et 1983, respectivement. Les femmes auront également le droit d'acoller leur nom à celui de leur mari, à la naissance de l'enfant, qui aura donc un nom composé, en 1985. Entre 2000 et 2001, quatre lois importantes pour les femmes seront votées : la loi sur la parité dans les fonctions électives, la loi relative à la contraception d’urgence gratuite pour les mineures, la loi sur l’obligation de négocier l’égalité professionnelle et la loi autorisant le congé paternel de 11 jours

            Ainsi, nous pouvons constater qu'il y a eu deux vagues de féminisme durant ce siècle : la période durant laquelle les deux guerres ont éclaté et les changements que ces deux évenements ont apportés et la période à partir des années 60 jusqu'en 2001. Et même si les femmes du XXème siècle ont fortement contribué à leur émancipation et à l'évolution de leur mode de vie, les mentalités restent traditionnalistes et les hommes n'acceptent pas leur perte d'influence sur elles. Pour continuer l'oeuvre de leur aïelleules, les femmes "nouvelle génération" continuent les combats en faveur de la gente féminine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire